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0. L’infanticide

Sommaire

-l'affaire Clémentine Evezard,

-l'affaire Philomène Legeay,

-l'affaire Joséphine Lottin

-l'affaire Marie Louis Bardet.

 

En 1556, un édit royal impose à toute femme enceinte hors mariage de déclarer sa grossesse aux autorités, faute de quoi, elle serait passible de peine de mort si son enfant venait à mourir. Ce premier pas dans la reconnaissance de l'enfant à venir, démarche administrative, a pour but de limiter le déni de grossesse, les tentatives d'avortement ou d'infanticide et l'abandon. En effet, l’avortement est considéré comme un crime ; tout comme l’exposition (l’abandon dans un lieu public comme le porche d’une église par exemple). Impossible pour une femme non mariée de ne pas assumer la vie qui se développe en elle. La loi l'y contraint. Alors, même si l'enfant est le fruit d'un abus sexuel, il faut aller jusqu'au bout.

 

Seules, dépourvues d’aide, sans aucune alternative, certaines femmes enceintes s’isolent et cachent du mieux qu’elles peuvent leur grossesse. Elles continuent de mener à bien les dures tâches qu’elles menaient avant, et ce, jusqu’au terme de la grossesse. Mais la naissance de l’enfant les ramène violemment à la réalité. Lorsque l’enfant est là, il n’est plus possible de le cacher ; il faut vite trouver une solution. Mais toutes celles qu’elles envisagent les condamnent.

 

"Monsieur le préfet,

J’ai l’honneur de vous informer qu’à ce jour, 1er  février, à minuit trente, a été exposé au portail de notre établissement , un enfant du sexe féminin, paraissant âgé de 4 jours. La personne qui l’a déposé s’est enfuie lorsqu’elle a eu la certitude que le concierge s’inquiétait du motif pour lequel on frappait.

L’enfant a été recueilli par Xavier François, sacriste à l’hospice et immédiatement apportée à la crèche. Les agents de police de faction au poste ont été prévenus et ont dressé un procès verbal vers une heure du matin.

Copie de procès vous sera adressée, monsieur le préfet, par Monsieur le commissaire central.

Les prénoms de Marie Blanche ont été donnés à cette enfant ; son nom vous sera transmis  lorsque le délai  prescrit par la circulaire ministérielle du 7 avril 1852 pour s’enquérir si l’enfant n’est pas déjà inscrit dans une autre commune, sera écoulé."

               ADS: 4M131 acte peut-être daté de l’année 1885 ( tampon effacé)

 

En 1811, la ville de Paris officialise, par un décret, l’installation du tour d’abandon, sorte de guichet tournant installé dans la façade d’un hôpital permettant de déposer un nourrisson de manière aussi discrète que sûre. Certaines grandes villes se dotent elles-aussi de ce système. Le Mans en est cependant dépourvu.

Devant le succès rencontré par ce système (le nombre de nourrissons déposés ne cesse de croitre), cette solution ne dure pas et, en 1860, les tours d’abandon sont interdits, comme le déplore M. Brochard.

 

"Une autre conséquence de la suppression des tours est le nombre sans cesse croissant, dans toutes les classes de la société, des avortements et des infanticides,dont le plupart demeurent impunis, il est vrai, mais qui n'en sont pas moins réels.

Tels sont, dans le plus grand nombre de nos départements, les tristes résultats d'une mesure qui a été prise, dit-on, au nom de la morale et de m'humanité."

              De la mortalité des nourrissons en France, Brochard André-Théodore, 1866

 

Poussées dans leurs derniers retranchements, ne réussissant à entrevoir d’autres issues, de nombreuses femmes se livrent à l’infanticide après avoir honteusement caché leur grossesse, portant à elles seules tout le poids de leur culpabilité.

Depuis 1810, le code pénal définit l’infanticide comme le meurtre d’un nouveau-né. Le terme de « meurtre » a son importance, car il sous-entend qu’il s’agit d’un acte prémédité. Le fait que la grossesse et l’accouchement aient été menés dans la clandestinité donne tout son poids à la préméditation.

A partir de 1824, certaines circonstances atténuantes, comme les abus sexuels à l’origine de la grossesse, sont enfin entendues. Au fur et à mesure que les femmes parviennent à s’expliquer devant leurs juges, la misère, la peur, la honte, la solitude se dévoilent. Tels un leitmotiv, ils reviennent accompagner chaque infanticide. Ils sont généralement les principaux instigateurs de ce terrible geste. La société découvre alors l’incommensurable désarroi dans lequel certaines femmes vivent quotidiennement, car ce sont majoritairement des femmes qui commettent ces crimes, alors même qu’il a bien fallu la présence d’un homme pour qu’elles en arrivent là.

La presse, en plein essor, se plait à relater les procès pour infanticide et la littérature s’engage dans la description du quotidien des petites gens, mettant à l’honneur leurs trop rudes conditions de subsistance (Cf : Maupassant). Ainsi, le lien entre misère et infanticide est clairement exposé.

Parallèlement, le XIXème siècle s’intéresse de près à l’enfance. De nombreuses lois sont créées afin de protéger les nourrissons à défaut de protéger leur mère.

Le rapport relatif à l’exécution de la loi du 23 décembre 1874 (loi Roussel), relative à la protection du premier âge, que M.Waldeck-Rousseau rédige  en 1886, témoigne de l’investissement du département sarthois dans la protection infantile. La Sarthe fait partie des 59 départements dont l’inspection médicale des enfants du premier âge est assurée régulièrement.

 

« Le Gouvernement de la République doit donc entourer d’une sollicitude toute particulière l’œuvre de la Protection infantile : les différentes administrations auxquelles l’exécution de la loi de 1874 incombe, les municipalités notamment, sauront désormais, je l’espère, proportionner leurs efforts à la grandeur du but et à la grandeur des obstacles »

Le ministre de l’intérieur, Waldeck-Rousseau

Malgré tout, le désarroi des femmes est tel que les infanticides perdurent.

Quatre cas d'infanticide ou de suppression d'enfant ont été relevés aux archives départementales de la Sarthe: 

-l'affaire Clémentine Evezard,

-l'affaire Philomène Legeay,

-l'affaire Joséphine Lottin

-l'affaire Marie Louis Bardet.

 

Que sont devenues ces jeunes femmes ?

Ont-elles été condamnées à mort, aux travaux forcés ? Ont-elles bénéficié de circonstances atténuantes leur permettant de ne subir que plusieurs années d’emprisonnement ?

Pour répondre à ces questions, il me faut encore retourner aux archives et fouiller les registres relatifs à leur procès.

 

-L'affaire Clémentine Evesard (Evezard); mai 1883

Au mois de mai 1883, Clémentine Evesard, née à St Jean-des-Echelles le 9 aout 1862 de Clément Evesard et de Victoire Mousset, âgée de 20 ans, couturière vivant à Cormes, est soupçonnée d'infanticide.

Pour en lire plus, c'est ici.

 

 

-L'affaire Marie Louise Bardet; 1883

L'affaire Bardet est "tombée entre mes mains" par hasard.

Je recherchais à étudier l'enchaînement des faits dans l'affaire Clémentine Evezard; le dossier Bardet se trouvait juste à la suite. J'ai pris les photos des documents dans l'intention d'y revenir plus tard.

Je ne m'attendais pas à ça...Je me garderai bien d'étudier ce cas; j'en serai bien incapable pour l'instant.

Pour en lire plus, c'est ici.

 

-L'affaire Philomène Legeay; 1883

Pour en lire plus, c'est ici.

 

-L'affaire Joséphine Lottin; 1884

L’affaire « Joséphine Lottin » témoigne de la totale solitude dans laquelle la jeune femme a vécu dès sa grossesse : mère décédée, petit ami envolé après 7 mois de liaison, père absent en semaine. Seuls les voisins semblent s’intéresser à la jeune fille, mais ce n’est pas lui apporter leur soutien ; seulement pour la dénoncer aux autorités.

Pour en lire plus, c'est ici.

 

 

Tag(s) : #Misère, célibat, abandon et infanticide., #Généalogie sarthoise
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