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L'affaire Joséphine Lottin

 

 

Arrestation de Joséphine Lottin, 25 ans , de Rouessé-Vassé, en 1884

 

4ème légion

Arrondissement du Mans

Brigade de Sillé le Guillaume

 

Du 10 avril 1884

Arrestation en vertu d’une réquisition de la nommée Joséphine Lottin, 25 ans, ménagère à Rouessé-Vassé (Sarthe), prévenue d’infanticide.

Gendarmerie Nationale

Ce jourd’hui dix avril mil huit cent quatre vingt quatre à quatre heures du soir, nous soussigné Delamotte  César, maréchal des logis et Guiheux Pascal, gendarme à cheval à la résidence de Sillé-le-Guillaume département de la Sarthe, revêtus de notre uniforme, et conformément aux ordres de nos chefs,

ce matin à 8 heures, le sieur Bouttier,  garde champêtre à Rouessé-Vassé ( Sarthe), est venu nous prévenir que la née Lottin joséphine , âgée de 25 ans, née le 16 aout 1858 à Rouessé-Vassé précité, de Désiré et de Eulalie Launay, célibataire, demeurant chez son père au village de la Briandière, sus dite commune, après être accouchée dimanche soir, 6  et avait détruit son enfant et caché le cadavre sous terre dans un pré à peu de distance de son domicile où la nommée Plu femme Néré sa voisine l’avait trouvé hier 9 vers une heure et demie du soir.

Cette dernière auprès de laquelle nous nous sommes rendus aussitôt a déclaré qu’ayant des doutes sur la position de la fille Lottin l’observait depuis quelques temps et voyant qu’elle devait être accouchée depuis en faisant disparaitre l’enfant, elle avait fait des recherches et trouvé le cadavre d’un nouveau-né sous un peu de boue dans un pré que fait valoir Sr Lottin père. Alors elle prévint son mari le sieur Neré Clément âgé de 38 ans et tous deux ont relevé l’enfant que la fille Lottin a reconnu pour être le sien.

Cette fille nous a déclaré que le 6 avril du courant, vers dix heures du soir en l’absence de son père qui depuis 3 mois est domestique dans la commune de Grez, alors qu’elle était seule, elle fut prise de douleurs d’environ une demie heure après, elle accoucha d’un enfant du sexe féminin , dit-elle, ne doit pas être à terme, mais donna cependant quelques signes de vie ; elle l’enveloppa dans un linge, le mit dans un lit sous une couverture et il mourut ainsi sans avoir exercé sur lui aucune autre violence ou pression.

Elle garda le cadavre jusqu’au 9 et alla vers 10 heures du matin le cacher où il a été trouvé, c’est-à-dire à environ 40 mètres de son domicile dans un endroit boueux du pré sus désigné.

Cette fille n’en a pas moins continué de s’occuper des soins du ménage depuis et son père nous a affirmé qu’il n’avait pas remarqué la grossesse de sa fille vu qu’il est domestique chez la née Fort à Bel air commune du Grez où il était resté dimanche soir jusqu’à 7 heures avec l’inculpée et ne s’est pas aperçu de quoi que ce soit ; celle-ci n’ayant, du reste, été prise de douleurs que  vers 10 heures.

Le sieur Lottin père qui est veuf depuis 3 ans, n’avait plus que cette fille avec lui et il est assez bien considéré à Rouessé Vassé ainsi que celle-ci qui n’était pas regardé comme étant d’une conduite dépravée bien qu’ayant eu, dit-on, parfois, un amant et elle accuse comme étant le père de l’enfant dont il s’agit un né Gruau, Félix, âgé de 27 ans, maçon à Sillé le Guillaume, avec Lequel elle dit avoir et des relations intimes depuis 7 mois seulement.

Nous avons prévenu les divers autorités et le juge de paix chargé par le parquet d’instruire cette affaire nous a délivré un réquisitoire en vertu duquel l’inculpée a été arrêtée , et , vu sa position, placée provisoirement à l’hospice de Sillé.

L’enfant porte diverses traces de violences ; une au côté gauche qui est horizontale et qui a 4 centimètres de long, une à la face du même côté et enfin un trou au cou du côté opposé.

Monsieur le docteur Couchard délégué par le parquet a dit ne pouvoir faire l’autopsie que demain.

En foi de quoi nous avons rédigé le présent procès-verbal en double expédition, une destinée à M. le Procureur de la République et l’autre à M. le commandant de la gendarmerie de l’arrondissement conformément à l’article 495 du décret du 1er mars 1854.

Fait et clos à Sillé les jours mois et an que dessus

Signé Guiheux et Delamotte

 

 

C’est sans aucun lien avec son douloureux passé que Joséphine se présente devant le Monsieur le maire, près de 5 ans après son forfait. En effet, lors de la rédaction de son acte de mariage, il est fait référence à « l’avis du conseil d’Etat du 4 thermidor de l’an 13 » ; ce qui  signifie que ses parents sont décédés et qu’ aucun autre membre de sa famille ne peut venir la représenter. Les ponts ont donc été coupés car elle avait de nombreux frères et sœurs.

 

 

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Tag(s) : #Misère, célibat, abandon et infanticide.
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