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2.L'affaire Bardet

 

 

Plan du lieu où se déroule l'histoire

 

ADS dossier 1 U 893 4

 

A: Le Grand Pré dans lequel la fille Bardet prétend avoir été victime des violences de Froger et des frères Beucher

. . : Endroits où Froger s'est .....??... à différentes reprises avec la fille Bardet.

B: Pièce de terre qui sépare le Grand Pré de la voie de communication réunissant les deux chemins.

C: Pré ???? le château de Legrais. Ce pré est exploité par Bardet, père de l'inculpée et il  est arrivé plusieurs fois que Bardet se trouvait dans ce pré avec des journaliers au moment même où Froger abusait de sa fille dans la haie qui sépare ce pré du grand pré.

Distance qui sépare le grand Pré du château: 60 mètres environ.

                       "            "

Tout ce qu'il y a de plus sordide. L’affaire n’est pas belle; il y a les responsables de la grossesse de Louise Bardet qui déclarent avoir été provoqués , tandis qu’elle les accuse d’avoir abusé d’elle.

Et puis, il y a eu l'enfant.

 

Je me garderais bien d'étudier de plus près cette affaire pour l'instant et vais me contenter d'en livrer quelques extraits révélateurs.

Chronologie des événements:

Date du délit: 27 juin

Réquisitoire définitif: 2 août

Acte d'accusation: 11 août

Jugement: 3 septembre 1883

 

Acte d'accusation

"Acte d’accusation

Contre Bardet Marie Louise Aurélie

 

Le procureur général près de la Cour d’Appel d’Angers, officier de la Légion d’honneur :

En exécution de l’arrêt de cette Cour rendu le 10 août 1883 qui renvoie en état d’accusation devant le Cour d’Assises du département de la Sarthe la nommée Bardet Marie Louise Aurélie, âgée de 19 ans, née le 20 juillet 1864 à Jupilles, domestique de ferme, domiciliée à St Mars d’Outillé

Prévenue d’infanticide

Expose que de la procédure instruite contre la ci-dessus dénommée, au tribunal de première instance du Mans, résultent les faits suivants :

La fille Bardet était domestique , depuis environ 3 semaines, chez les époux  Gougeon, cultivateurs au lieu des Allais , commune de St Mars D’outillé, lorsque le 27 juin dernier, elle se plaignit de douleurs dans les bras et dans les jambes, et se coucha pendant l’après midi. Vers onze heures du soir, sa maitresse alla lui demander si elle n’avait besoin de rien et, bien qu’elle n’ignora point que les douleurs qu’elle ressentait étaient, en réalité, celles de l’enfantement, elle fit une réponse négative. Le lendemain matin, vers dix heures, elle était encore au lit quand dame Gougeon trouva dans un champ de froment situé près de la maison le cadavre d’un enfant nouveau né ayant des lambeaux d’étoffe noués autour du cou.

La fille Bardet, interrogée, dût reconnaitre que pendant la nuit, profitant du sommeil de ses maitres, elle s’était  levée pour se rendre dans le champ de froment , et que là, elle avait mis au monde un enfant du sexe masculin, auquel elle avait aussitôt donné la mort en lui serrant le cou avec des morceaux déchirés de son jupon.

L’autopsie a révélé que l’enfant était né à terme, viable et qu’il avait vécu ; elle a révélé en outre, que cet enfant avait été suffoqué par l’introduction dans la bouche d’une masse de terre mélangée d’herbe, qui avait dû occasionner sa mort avant même que sa mère lui eût serré le cou.

Dans le but d’atténuer l’action dénaturée par elle commise Aurélie Bardet a prétendu que , l’année dernière, à l’époque de la fenaison, elle avait été victime des violences d’un jeune homme qui aurait abusé d’elle avec l’aide de deux autres jeunes gens ; mais cette allégation est démontrée mensongère par les renseignements recueillis au cours de l’information, qui a permis a, au contraire, d’établir que la fille Bardet avait une conduite déplorable.

En conséquence des faits ci-dessus exposés, Marie Louise Aurélie Bardet est accusée :

D’avoir, dans la nuit du 27  au 28  juin, commune de St Mars d’Outillé, volontairement donné la mort à son enfant nouveau né.

Crime prévu et puni par les articles 300 et 302 du code pénal.

Fait à Angers, au Parquet de la cour d’Appel le 11 août 1883."

 

L'enquête sur les bonnes mœurs de Marie Louise Bardet

Louise affirme avoir été abusée par 3 jeunes hommes. Durant son incarcération pour infanticide, une enquête est effectuée au sujet de son comportement et celui des 3 jeunes hommes.

 

"13 août procès verbal constatant l’enquête relative à Froger Alexandre, Beuchez Auguste et Beuchez Jean Baptiste et Bardet Louise, inculpés d’outrages publics à la pudeur.

A effet de faire une enquête sur les sieurs Froger et Beuchez comme pouvant être l’objet de poursuites pour outrages publics à la pudeur avec la fille Bardet Louise actuellement détenue à la maison d’arrêt du Mans pour infanticide.[...]

 " 4 à 5 jours après mon arrivée , la fille Bardet  qui y venait depuis longtemps en journée me fit quelques petits gestes agréables. Je ripostai de telle sorte que pendant le repos d’une heure qui est d’usage après le diner dans les fermes, nous nous approchâmes d’une haie du pré qui longe l’allée du Château où nous étions à travailler, pendant que les autres journaliers dormaient , là nous nous couchâmes sur un tas de foin (…) dès ce moment, j’ai eu des relations fréquentes avec elle (…)

(...) J’attendais que Beuchez Auguste ait fini qui était avec elle . Nous savions tous les 3, avec les 2 frères Beuchez, que nous allions avec elle et elle savait aussi que nous le savions. Voilà pourquoi nous ne nous gênions pas les uns les autres.(...)

(...) Voyant qu’elle devenait insupportable  par ses manières et craignant à une trop mauvaise réputation, je l’abandonnais quelques temps après ; depuis le 2 septembre dernier, j’ai cessé toute relation avec elle et nous ne l’avons jamais prise de force comme elle veut le dire. Elle se laissait faire trop facilement.(...)  ( Froger Alexandre)

 

« Elle cherchait à m’attirer à elle ; Voyant que j’étais peu décidé, elle me dit « En voilà un gars, on dirait qu’il n’a rien dans sa culotte » La voyant si bien décidée, je me prêtai aux circonstances et dès ce moment, nous commençâmes à avoir des relations intimes. J’ai cessé toute relation avec elle le 20 septembre dernier. Il est vrai que Froger attendait que j’ai fini pour aller avec elle au recoin du lavoir."   (Beucher Auguste)

 

« je puis dire que c’est elle qui m’a fait toutes les propositions car a 16 ans, je ne connaissais pas bien ce que c’était. Elle n’a jamais été prise de force car si on la cherchait pas, elle disait aussi bien à moi comme aux autres si nous n’avions rien dans nos culottes et si nous n’étions bons à rien,. Avec de telles paroles, on ne pouvait guère la respecter »  (Beucher Jean-Baptiste)

 

Verdict énoncé lors du procès en cours d'Assises

 

"Procès verbal de séance  du procès en cours d’Assises  le 3 septembre 1883

Déclaration du jury

Fait unique: Bardet Marie Louise Aurélie est -elle coupable d’avoir , dans la nuit du 27 au 28 juin 1883, commune de saint Mars d’Outillé , volontairement donné la mort à son enfant nouveau né ?

Oui à la majorité"

"La cour condamne Marie Louise Aurélie Bardet à la peine de 5 années de travaux forcés."

 

 

Par décret du 16.10.1883, la peine de la condamnée a été commuée en 5 ans de réclusion.

 

 

Par arrêté en date du 11.11.1886, la condamnée fille Bardet a été mise en libération conditionnelle.

 

D'après les dossiers 1 U 792 et 1 U 893 4 des ADS.

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Retour à la misère des femmes, sur les traces d'Augustine

Tag(s) : #Misère, célibat, abandon et infanticide.
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