Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

III.A.1

Le p'tit mousse et le capitaine

 

Naufrage des « trois cousines » sur la plage de la tranche sur mer

 

 

En feuilletant le journal « Le Sablais » (1) de l’année 1854, le nom d’une goélette, « Les deux cousines », cité dans un article de J.J Meunier a retenu toute mon attention.  Il faut dire que j’entreprenais justement des recherches au sujet du naufrage de la goélette « les trois cousines » survenu le 1 avril 1833 sur les plages de la Tranche sur mer.

De deux à trois, je n’étais pas si loin…

En effet, les abords de la Tranche sont très dangereux et le phare du Grouin du Cou, qui en signale les dangers, ne suffit pas à tenir éloigner les navires que les vents de Sud-Ouest ,  « terreur de nos côtes » (1), poussent vers le rivage. Nombreux sont les navires venus s’échouer sur ses plages.

 

Plage des Conches entre La Tranche et Longeville
Plage des Conches entre La Tranche et Longeville

 

Dans son article, M.Meunier  vante les mérites et relate les exploits d’un dénommé André Chartier, dit André Morilleau, « une de ces natures mâles et vigoureusement trempées, dont la mission est d’affronter le danger et de venir constamment au secours du malheureux qui se débat au milieu de la tempête et que les flots menacent d’engloutir »(1). Ce cultivateur de la Tranche sur mer aurait sauvé de la noyade à maintes reprises de nombreux matelots.

Le 8 octobre 1823, il sauve 9 personnes lors du naufrage de la « Marie-Sainte-Anne » ; le 24 juin 1824, il monte à bord de la « Franchise »  et  en prend la barre jusqu’à la tirer de ses difficultés ; le 17 mars 1830, il tire deux hommes des flots après le naufrage de  la « Victorine ».

C’est toujours à la nage et au péril de sa vie qu’André Chartier accomplit ses exploits en se portant au secours des victimes.

Tiré des "Naufrages les plus célèbres" (voir les sources)
Tiré des "Naufrages les plus célèbres" (voir les sources)

En aout 1830, il est nommé gardien du phare du Grouin. D’autres exploits viennent encore jalonner son parcours. Mais je me suis surtout arrêtée sur le naufrage de la nuit du 1er au 2 avril 1833 durant lequel il tire des flots deux matelots des « Deux-cousines », une goélette de Concarneau.

En réalité, ce bateau se nomme « Les trois-cousines » (3). A son bord, le capitaine Souin,  entouré de plusieurs de ses matelots originaires de Concarneau dont son homonyme et  cousin germain, Jean François Souin, un jeune mousse, Aimé Guierme et  Jean Pierre Caradec. Destiné au cabotage, la goélette, partie de Bordeau, chargée de vins et d’eaux de vie, se dirige vers le port de Brest, lorsque  vents et courants contraires la poussent  sur la pointe du Grouin. Malmené par une mer déchaînée, le jeune mousse manque à plusieurs reprises de passer par-dessus bord. Alors, « les gens de l’équipage le voyant d’une extrême faiblesse »(4),jugent bon de l’attacher à un mât.

Le lendemain 2 avril, à 6h00 du matin, le corps d’Aimé Guierme, âgé de 13 ans, est retrouvé sur la plage. Le médecin de Longeville, M.Joussemet, « étant venu visiter le cadavre »(4) a déclaré qu’il était mort « asphixié par le froid »(4)

Le 3 avril, le corps du petit mousse des « trois cousines » est inhumé dans le cimetière de La Tranche sur mer :

 

Archives départementales de la Vendée ( 2 E 294/4)

L’an 1833, le 3 avril, (…) sont comparus les sieurs Jean François Souin âgé de 30 ans et Jean Pierre Caradu (ec) , âgé de 27 ans, tous les deux habitants de Concarneau, département du Finistère et tous les deux matelots sur la goélette les « « Trois Cousines » de Concarneau expédiée de Bordeau et naufragée sur la côte de la commune de la Tranche lesquels nous ont déclaré qu’hier  matin sur les six heures est décédé sur la plage de cette commune  à l’endroit dit le « Grouin », Aimé Guierme, âgé de 13 ans , mousse sur la goélette, natif de Quimper, habitant concarneau, fils de défunt Guierme…

 

 

Mais la mer n’a pas terminé de rendre les hommes qu’André Chartier n’a pu lui disputer. S’il a réussi à tirer deux matelots des flots, la mer en a pris autant :  le 4 avril 1833, les autorités de la Tranche sont prévenues qu’un second cadavre git sur la côte au lieu-dit  « la Faute » vis-à-vis du village. Le même médecin, M. Joussemet, après avoir « fait l’ouverture du cadavre et n’ayant trouvé aucun indice  de mort violente » a attribué la cause de la mort à une asphyxie. Les survivants de l’équipage des « trois cousines » ont déclaré que ce cadavre était celui du capitaine de la goélette. Son corps a été inhumé le jour même dans le cimetière de la Tranche auprès du petit mousse.

 Archives départementales de la Vendée ( 2 E 294/4)

Le 4 avril, (…) J(…) sont comparus les sieurs Jean François Souin âgé de 30 ans, cousin germain du décédé et Jean Pierre Caradu(ecG , âgé de 27 ans, tous les deux habitants de Concarneau, département du Finistère et tous les deux matelots sur la goélette les Trois Cousines de Concarneau expédiée de Bordeau et naufragée sur la côte de la commune de la Tranche lesquels nous ont déclaré que le corps mort trouvé proche la Faute, village de cette commune est celui de Jean François Souin, âgé de 32 ans, capitaine de la goélette , natif et habitant de Concarneau, non marié , fils de Jean François Souin et de Jacquette Dubois domiciliés à Concarneau….

 

Une pensée pour le jeune mousse et le capitaine Souin, jeudi 26 octobre 2017, plage de la Faute sur mer.

Une pensée pour le jeune mousse et le capitaine Souin, jeudi 26 octobre 2017, plage de la Faute sur mer.

Sources: 

  1. Archives .vendee.fr ; document 4Num41 ; journal « Le Sablais », n°5, jeudi 2 février 1854, vue 10/111 article entièrement retranscrit ici : shenandoahdavis.canalblog.com
  2. http://4sardines.canalblog.com/archives/2015/07/11/32345230.html; Cabotage à Concarneau aux siècles passés…
  3. 1 MI EC 53/19 1833-1862 acte de décès de Jean François Souin, décédé le 4.04.1833, vue 13/510
  4. D’après le regsitre des délibérations communales de la Tranche sur mer (dec 1821- avril 1838 ) ( vue 27)
  5. Archives départementales de la Vendée ( 2 E 294/4)
  6. "Les naufrages les plus célèbres" ; par H. Prévault ; 1852
Tag(s) : #Généalogie vendéenne
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :