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Utiliser les registres des délibérations municipales en généalogie

 

Les registres de délibérations municipales sont apparus après la Révolution de 1789.  Les maires, nouvellement en charge de leur commune, étaient alors tenus de renseigner , dans un registre, les décisions prises pour la municipalité qu'ils administraient. 

Naturellement, en feuilletant ces registres, on peut s'attendre à y découvrir des renseignements ordinaires sur la manière dont la ville est administrée et les arrêtés qui ont été établis. D'une manière générale, on peut y trouver:

- la fixation du prix de pain

-la réglementation des places de marchés

- les demandes de travaux de voirie

-construction ou réfection de ponts,

-l'achat de terrains

-l'agrandissement du cimetière 

-l'installation d'un instituteur

Outre ces grands thèmes communs à toute  commune, les registres des délibérations municipales regorgent d'histoires particulières, propres à chaque municipalité. 

A ce titre, ils deviennent de véritables machines à remonter le temps, emportant au fil des pages, le lecteur dans la vie quotidienne de ses aïeux.

Et plus la ville est petite, plus l'intimité des villageois est approchée.

 

Dernièrement, je suis allée me promener en Vendée,  et plus précisément à Longeville-sur-mer et à la Tranche-Sur-Mer.

 

La Tranche-sur-Mer:

Dans les registres de La Tranche, j'ai rencontré le désarroi du conseil municipal, à la suite de l'assassinat de leur fidèle Garde Champêtre, dont les compétences ont donné beaucoup de mal à ses successeurs, incapables de donner les mêmes satisfactions. ( voir à ce sujet "Meurtre à la Tranche sur mer").

J'ai rencontré le récit détaillé du naufrage de la Goélette "Les Trois Cousines" (voir à ce sujet "Le p'tit mousse et le capitaine")

J'ai même retrouvé un devis établi par mon aïeul, au sujet de la réfection de l'église de La Tranche.

 

Longeville-sur-Mer:

La ville voisine de Longeville offre le même intérêt, la même sensation d'approcher au plus près la vie de nos aïeux.

Une plongée dans le registre des délibérations municipales de Longeville au lendemain de la Révolution montre un conseil municipal en perpétuelles recherches de conscrits afin de constituer le 61ème régiment de canonniers garde-côtes. Les hommes du village défilent  régulièrement et le tirage au sort des conscrits est assez précis pour livrer les noms de tous les appelés ainsi que les raisons de leurs refus ou de leur rejet.

Dans ce petit village de bord de mer, le maire est confronté à des événements de tout genre. Si les naufrages de navires marchands laissent de nombreuses traces, le maire est aussi présent lorsqu'échouent devant sa porte, un nourrisson ou encore une jeune femme éconduite:

 

"Aujourd’hui deux juin 1806, nous maire de la commune de Longeville ayant entendu ce jourd’hui, trois heures du matin, un grand bruit à la porte de la mairie et ayant entendu sonner à plusieurs reprises. Me suis levé et transporté à la dite porte ou j’ai rencontré un enfant exposé. Mes obligations ont exigé de faire rentrer le dit enfant pour lui faire porter les premiers secours. A l’instant j’ai fait appeler le secrétaire de la mairie et la nommée femme Bechiaud à laquelle j’ai donné la garde le dit enfant.

 Les sus dits dénommés étant arrivés, j’ai voulu reconnaître le sexe de l’enfant. Examen fait il s’est trouvé du sexe féminin. Laquelle fille on considère être naissante sans lui avoir trouvé aucune marque distinctive ; vêtue d’une calotte rouge et blanche, un béguin bordé de dentelle, une petite camisole de satin  blanc , une petite chemise, une mauvaise chausse de laine fendue lui servant de premier lange et deux autres mauvais, l’un de toile et l’autre de flanelle en conséquence avons ordonné que l’enfant serait enregistré sur le registre de l’Etat civil de cette commune  sous les noms d’enfant inconnu avec un prénom et présenté au desservant de cette commune pour lui être administré les cérémonies du saint baptême et ensuite être transporté à la sous préfecture des Sables pour que Monsieur le sous préfet  aie la bonté de la faire placer à l’Hospice des Sables". (Délibérations de l’assemblée des habitants de la paroisse puis du Conseil municipal.) Octobre 1780-janvier 1834. AC 127/2

 

 

L'enfant est au plus vite emmenée à l'église et baptisée, le jour même.

Si vous souhaitez lire davantage de documents relatifs à l'abandon d'enfant , c'est ici .

Si l'histoire pas à pas d'un enfant assisté vous tente, c'est ici.

 

Au mois de septembre de la même année, c'est une jeune femme de 22 ans qui vient déclarer sa grossesse, dénonçant par la même occasion son séducteur:

Aujourd’hui 25 juin 1806 par devant moi maire de la commune de Longeville est comparue Marie Menauteau âgée de 22 ans, demeurante en cette commune, fille de Jean Menauteau et de Jeanne Philipeau sa mère, laquelle nous a déclaré être enceinte d’environ 7 mois  des œuvres de François Grasset propriétaire demeurant  à la Pépière en cette commune sous les promesses que lui faisait le dit Grasset, que si elle venait enceinte, il aurait soin d’elle , qu’il lui donnerait du bled, des hardes et de l’argent et qu’elle ne manquerait de rien. De laquelle déclaration lui avoir donné acte et a déclaré ne savoir signer

 

J'ai fouillé un peu les registres de l'Etat civil des années 1806 et 1807 sans y trouver la  naissance d'un enfant Menenteau (ou Menauteau)  ou Grasset; encore moins de mariage.

 

(Vous pouvez lire sur ce sujet les articles de "La misère des femmes")

Tag(s) : #Méthodologie
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