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LES PASSEPORTS DANS LA DEUXIEME MOITIE DU XIX° SIECLE

 

 

Dans « Le Bordager » numéro 60, un article rédigé par M.J.J.Caffieri au sujet des passeports a retenu mon attention. En

 

effet, à la suite de recherches historiques sur les évènements qui se sont déroulés autour du 2 décembre 1851 dans la

 

Sarthe, j’ai pu retrouver quelques passeports datant de la deuxième moitié du XIX° siècle dont celui de M.Michel

 

Chevrollier :

 

A.D.S : 568 w 287

Les peines qui entraînent la nécessité d’obtenir un passeport.

Après le deux décembre 1851, de nombreux sympathisants aux principes républicains sont condamnés à des peines allant de la déportation en Algérie à la simple surveillance en passant par l’internement au sein de leur propre ville ou d’une ville étrangère. Si la surveillance et l’internement semblent être des peines plus légères, elles n’en sont pas moins très contraignantes comme en témoigne un condamné à la surveillance, M. Aguilet :

 

« La déportation dans les colonies et l’exil, en éloignant le condamné de sa famille, de ses amis, de son pays sont des peines horribles. L’internement parait moins dur. Mais il n’en est pas moins un sujet de tortures morales continuelles » A.N : F /15/4200

 

L’internement et la surveillance

Les sarthois condamnés à l’internement l’étaient le plus souvent dans une ville étrangère. De cette façon, ils étaient contraints de quitter leurs amis, leur famille mais aussi leur patron ou leurs clients. Mais ce n’est pas tout. Une fois installés dans leur nouvelle ville, ils étaient encore astreints aux mêmes peines que les condamnés à la surveillance, à savoir :

- ils devaient se présenter deux fois par mois à la mairie de leur commune.

- de nombreux rapports étaient réalisés sur eux par la police afin de rendre compte de leurs déplacements et de leurs fréquentations et cela durant cinq années.

-il leur était interdit de se déplacer sans en avertir préalablement l’autorité locale. C’est à cette occasion qu’un passeport leur était délivré.

 

 

L’enjeu du passeport

Avoir un passeport était souvent déterminant pour le condamné.

Tout d’abord parce que la délivrance d’un passeport n’était pas systématique.

De cette manière, l’autorité pouvait ré- affirmer le pouvoir qu’elle exerçait sur les hommes qu’elle contrôlait.

Ce fut le cas de Stanislas Aguilet, condamné à l’internement à la Ferté-Bernard et placé sous surveillance de la police, qui n’a pu recevoir l’autorisation des autorités afin de se rendre à Paris où il devait consulter un médecin capable de le soigner d’une grave maladie des yeux.

Ce fut aussi celui de M. Paignard :

 

« ….ma position de surveillé ne s’améliore pas au contraire elle dégénère en internement qui me prive complètement de ma liberté d’action. Toute absence en dehors de ma commune m’est rigoureusement interdite et Monsieur le préfet a refusé de m’autoriser à me rendre au Mans il y a quelques jours pour une affaire utile et importante que je lui ai signalée. » LEMEUNIER, F ; « Autour de la révolution de 48 et du coup d’Etat du 2 décembre » La province de Maine, 1953

 

Le renouvellement du passeport n’était pas non plus systématique :

Sur le passeport de M. Michel Chevrollier, on peut voir en haut à gauche que ce document était « valable pour un an ». Ce qui signifie que son renouvellement était conditionné par les rapports de police qui étaient effectués sur ses faits et gestes et par sa ponctualité à se présenter deux fois par mois à la mairie.

 

Enfin, obtenir un passeport ne garantissait pas une grande liberté de mouvement.

Dans le cas de M. Lair qui avait obtenu le droit de déménager en Indre et Loir, son itinéraire était précisément fixé par les autorités. Il reçu un passeport pour Tour mentionnant les étapes obligatoires suivantes : Villedieu, Avranches, Fougères, Laval, La Flèche, Tour. Chaque passage dans ces villes donnait lieu à un contrôle lors duquel Lair devait se présenter à la mairie avec son passeport.

 

 

Surveillance et internement représentaient donc une grande absence de liberté de mouvement. Quant au passeport, c’était un instrument de contrôle très efficace qui donnait aux autorités un bon moyen d’assurer le suivi permanent des condamnés.

Tag(s) : #La faiseuse d'histoires
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