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Sur les traces de Stéphanie Ladevèze, j'ai croisé par deux fois la patronyme Tempels

Il s'agit à chaque fois d'une sage-femme: la première, Pierrette Aglaé Tempels, dite femme Martin, accouche Stéphanie de son premier enfant, en novembre 1873, dans le second arrondissement de Paris, où elle officie au 76 de la rue Montmartre.  (https://10ansdemariage.over-blog.com/2024/04/etre-une-mere-celibataire-a-paris-au-xixeme-siecle.html)

La seconde est Jeanne Tempels, femme Prat, qui accouche Stéphanie de son second enfant, dans le 4ème arrondissement, où elle travaille au 104 rue Saint-Martin.

Le patronyme Tempels n'étant pas très répandu à Paris, la coïncidence était trop étrange pour ne pas tenter d'y voir plus clair. 

C'est donc en cherchant à démêler les identités respectives de ces deux femmes qu'elles ont accaparé toute mon attention, me détournant de ma recherche initiale ( Stéphanie Ladevèze), pour m'emmener dans le monde des sages-femmes parisiennes de la seconde moitié du XIXème siècle.  J'ai ainsi découvert une troisième sage-femme, Pierrette Aglaé Gobert, à l'origine de cette transmission.

 

Pierrette Aglaé Gobert

Pierrette Aglaé Tempels

Jeanne Tempels

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Le second accouchement de Stéphanie Ladevèze atteste de l'attachement de la jeune mère à sa première sage-femme, Aglaé Tempels

Cet attachement n'est pas si extraordinaire que cela. Lors de sa thèse sur les sages-femmes parisiennes, D. Tucat aborde le sujet du choix de la sage-femme, lorsque la situation économique de la parturiente lui évite d'avoir recours au bureau de bienfaisance de son arrondissement ou bien de se rabattre sur l'hôpital.

"D'une manière générale il semble que les relations entre sage-femme et accouchées aient été plutôt bonnes. Les clientes de Madame Forino devaient être assez contentes d'elle puisqu'il n'est pas rare qu'elle accouche une femme plusieurs fois. Et même lorsqu'elle quitte le XIXème pour Gentilly, les clientes de son ancien quartier continuaient à faire appel à elle."

 

Apparemment , il en va de même pour Stéphanie et la famille Tempels. Accouchée la première fois par la mère Aglaé Tempels, c'est auprès de la fille Jeanne Tempels qu'elle accouche la seconde fois.

Si Stéphanie a changé d'adresse, si elle a quitté la rue d'Argout du second arrondissement et réside maintenant rue Condorcet dans le 9°, Jeanne Tempels réside au 104 rue Saint-Martin, dans le 4°. C'est aussi l'adresse de la grand-mère de Jeanne, Pierrette Aglaé Gobert, sage-femme elle-aussi.

Puisque le lieu de l'accouchement se situe dans un arrondissement différent de la résidence de Step, cela laisse penser qu'elle n'a pas été envoyée ici par le bureau de bienfaisance ou encore par l'hôpital, mais que son choix est au contraire le fait d'une décision réfléchie et calculée. Elle a dû rechercher sa sage-femme en amont, afin de "réserver" sa place sur les quelques jours où elle devait rester alitée après l'accouchement. 

 

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Le point sur cette famille de sages-femmes

 

-Aglaé Pierrette Gobert

Elle est née à Besançon le 28 mai 1814.

Son père, Lange Gobert est chapelier.

Sa mère, est Jeanne Pierrette Colard.

Elle est mariée, à presque 18 ans, le 29 février 1832 à Fontenay-le-Comte (Vendée) à Joseph Alexandre Neirac, âgé de 57 ans, employé des contributions indirectes...

Archives départementales de Vendée- registre en ligne des mariages de Fontenay-le-Comte-1832

Je n'ai pas beaucoup cherché mais à priori, étrangement, je n'ai pas trouvé de naissances issues de ce mariage.

Cependant, le vendredi 3 juin 1836,  une petite fille, prénommée Pierrette Aglaé, née de père et de père inconnus, est déclarée à l'Etat civil de Fontenay-Le-Comte, par la sage-femme qui a procédé à l'accouchement.

Elle est immédiatement déposée à l'hospice de Fontenay qui l'enregistre sous le numéro   1522 (ou 3101)     (ligne 8).

 

Archives de Vendée. Registre 3 X 103 8ème ligne

Le 18 janvier 1846, Joseph Alexandre Neirac décède, à Pommard, près de Beaune en Côte d'Or où il était "buraliste". D'après l'acte de décès, Sa femme Aglaé Gobert n'est pas à ses côtés.

 

Acte de décès de Joseph Alexandre Neirac- AD Cote d'or en ligne-FRAD021EC 492009
Acte de décès de Joseph Alexandre Neirac- AD Cote d'or en ligne-FRAD021EC 492009

 

Le 26 septembre 1846, Aglaé Gobert veuve Neirac renonce à la communauté. Est-ce à dire qu'elle n'hérite pas de son mari? 

Elle ne veut pas de son argent? ou de ses dettes?

succession Neirac - AD Cote d'or- 3Q 6/8 bis

Le 28 octobre 1846, l'aumonier de l'hospice de Bourbon Vendée ( La Roche Sur Yon) reçoit une procuration de Gobert Pierrette Aglaé, sage-femme au 30 rue Saint-Martin à Paris , qui déclare être la mère de l'enfant Aglaé Pierrette abandonnée en 1836 et demande à la  reprendre.

Archives de Vendée-H dépot 4 L 16 6- registre consulté "à tout hasard" sous les recommandations de l'archiviste. Très bonne pioche.

Le 11 décembre 1846, l'enfant part pour Paris. 

Je fais mon film: 

S'agirait-il  d'un cas de mariage forcé?

L'enfant que Pierrette Aglaé Gobert réclame en 1846 et qui porte les mêmes prénoms qu'elle est-il réellement le sien? Sinon, pourquoi le reprendre ?

Est-il celui de Joseph Alexandre? Si oui, pourquoi l'avoir abandonné ?

Le fait qu'Aglaé Gobert demande à reprendre l'enfant quelques mois après avoir réglé la succession de son défunt mari laisse-t-il entendre qu'il s'opposait à ce qu'elles se retrouvent ? Quel impact cet homme avait-il sur Aglaé Gobert pour qu'elle ne puisse rechercher son enfant avant son décès?

Lui avait-il caché l'endroit où son enfant se trouvait jusqu'à sa fin? Est-ce l'entourage de Neirac qui a appris à Aglaé la vérité sur la présence de son enfant en Vendée?

Le 15 octobre 1848, à son domicile 30 rue Saint-martin à Paris, Aglaé Pierrette Gobert met au monde un enfant de sexe masculin, prénommé Arthur Joseph, et reconnu par Joseph Bouthier, tourneur en cuivre qui réside à une autre adresse. Elle le reconnait en Aout 1849.

Archives Paris numérisées

En 1851, le 22 juillet, Pierrette Aglaé Gobert de marie avec un peintre sur porcelaine, Marie Paul Antoine Gonin.

Archives de Paris numérisées- Actes reconstitués

Pierrette Aglaé Gobert réside dès lors au 104 de la rue Saint Martin, une adresse qui restera attachée à la famille d'Aglaé durant de longues années. Elle y réside avec sa fille Aglaé qui se marie à son tour en 1854.

 

  • Aglaé Pierrette Tempels

Elle est née le vendredi 3 juin 1836 à Fontenay-le-Comte en Vendée de père et mère inconnus.

Elle est déposée à l'hospice de Fontenay le Comte.

En 1846, elle est sortie de l'hospice et emmenée à Paris auprès de Pierrette Aglaé Gobert qui dit être sa mère.

En 1854, elle réside chez sa mère au 104 rue Saint-Martin où elle est élève sage-femme.

Elle se marie en 1854 à Martin Tempels: il faut noter que cette Pierrette Aglaé n'a pas de patronyme. Alors au fil du temps, elle devient Aglaé Tempels, femme Martin ( comme si Martin était le patronyme de son mari), ou encore Aglaé Martin...

AD Paris D6J 968

 

L'année 1859 est un très mauvaise année pour les deux sages-femmes, la mère comme la fille, les deux Aglaé Pierrette.

Le 19 juillet 1859, Pierrette Aglaé, la fille, mariée à Martin Tempels passe en procès pour avortement.

A cette date, elle réside à Vaugirard, au 132 rue de Vanves avec ses deux enfants. Elle est condamnée à deux ans de prison.

C'est une toute petite brune aux yeux bruns. Elle ne mesure qu'1 m 50.

Elle doit ressembler à sa mère qui, elle aussi, est emprisonnée dans la prison de Rambouillet à la fin de l'année 1859 , le 5 décembre , puis relâchée le 11 janvier 1860 ( non lieu pour avortement) .

Aglaé Gobert, femme Gonin, mesure 1m47, elle a le teint clair et les yeux bruns, comme sa fille, et ses cheveux grisonnent: elle a 45 ans.

Malgré cela, elles reprennent toutes les deux leur métier de sage-femme.

 

Le 15 aout1873, Aglaé Pierrette Gobert, femme Gonin, décède à 59 ans, chez elle , au 104 rue Saint-Martin.

C'est son fils qui est présent pour déclarer son décès.

Archives de Paris numérisées

 

3 mois plus tard, en novembre, sa fille Aglaé mariée à Tempels met au monde au 76 de la rue Montmartre dans le deuxième arrondissement,  le premier enfant de Stéphanie.

  • Jeanne Tempels ( femme Prat)

Jeanne se marie un an après le décès de sa grand-mère . Ses parents ont pris la place de sa grand-mère au  104 rue Saint-Martin. Jeanne a pris la place de sa mère au 76 de la rue Montmartre.

Archives de Paris numérisées

 

                               Pourtant en 1875, c'est au 104 rue Saint-Martin que Jeanne accueille le second enfant de Stéphanie.

La mère et la fille semblent travailler ensemble aux deux domiciles, rue St martin et rue Montmartre.

 

Je pense que les trois femmes ont officié de concert en tournant sur les deux résidences: 104 rue Saint-martin et 76 rue de Montmartre. Je n'ai pas poussé mes recherches plus loin puisque c'est avant tout Stéphanie qui m'intéresse. Je me demandais si des liens, autres que les raisons qui amènent une jeune femme enceinte chez une sage-femme, pouvaient exister entre Stéphanie Ladevèze et la famille Gobert-Tempels. Le second mari d'Aglaé, Marie Paul Gonin, est peintre sur porcelaine... La soeur de Stéphanie fréquente un peintre....

 

 

 

Tag(s) : #Ladeveze, #Misère, célibat, abandon et infanticide.
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